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LES SOIRÉES ET LA MODE

  • Manon DUPRAT
  • 6 août 2019
  • 5 min de lecture

"Les fêtes légendaires", cette expression nous fait croire que les fêtes c'était mieux avant. Et c'est peut-être le cas lorsqu'on pense mode. Entre excentricités, tenues flamboyantes, invités de marque, excès, folie et décadence. Voici celles dont on aurait aimé être (ou pas).

 

L'hommage controversé à Karl Lagerfeld à la Moratoire Noire

En 1977, à la Main bleue de Montreuil, ancien cinéma redécoré par le jeune Philippe Starck, une soirée « chic », la Moratoire Noire, est donnée en l'honneur de Karl Lagerfeld. L'invitation disait :

« Xavier de Castella et Jacques de Bascher vous prient de leur faire la joie et le plaisir de bien vouloir participer toute la nuit du 24 au 25 octobre à une soirée Moratoire noire en l’honneur de Karl Lagerfeld (tenue tragique noire absolument obligatoire) ».

Et cette soirée choque le public présent par la prestation d'un couple sur scène s'adonnant aux « plaisirs » du fist-fucking, pratique SM pas des plus répandues. Le fascinant Jacques de Bascher (dandy proche de Karl et Yves Saint Laurent) et Xavier de Castella (architecte amant de Kenzo) recevaient alors leurs invités en tenue d’escrimeur blancs, les visages cachés sous un masque d’escrime recouvert d’une voilette de résille noire. Dans la salle, se balade un homme vêtu de cuir noir, le visage planqué sous une cagoule cloutée. Dans Un jeune homme chic, Alain Pacadis raconte ainsi cette nuit dark :

« C’est une débauche de robes de deuil et de garçons en cuir noir. Le vin coule à flots, et, sur scène, des lutteurs sortis de Star Wars combattent avec des torches. Il y a des scènes de fist-fucking et des travelos rétro. Il n’y a jamais eu à Paris autant de mecs en cuir noir rassemblés au même endroit. On se croirait à New York dans Christopher Street. C’est sans doute une des fêtes les plus réussies de l’année avec le mariage de Loulou de la Falaise. Au petit matin, les maquillages ont coulé, les vêtements sont chiffonnés comme des plumes de paons fripées, les Rolls attendent à la sortie du vieux night-club. »

Jacques de Bascher est l'amour de la vie de Karl Lagerfeld. Charismatique, ce jeune dandy mène une vie sulfureuse et sème le trouble sur son passage. Mais sa rencontre magnétique avec Karl Lagerfeld n’aura été que platonique. Leur relation était basé sur "l'amour pur". Mais Jacques était addict à d'autres substances purs. Il était inséparable avec son doudou Mishka qui sert de cache à cocaïne, et cousu et recousu maintes fois. L'amour durera 18 ans, jusqu'à la mort de Jacques donc. En 1984, Jacques de Bascher contracte le VIH. Le 3 septembre 1989, le dandy s’éteint à 38 ans, à l’hôpital de Garches. Fidèle, Karl Lagerfeld veille à ses côtés. Et Mishka, son ours en peluche et son chapelet l’accompagneront dans son ultime virée nocturne.

 

La « Roller Disco & Pajama Party » de Playboy

Ce qui se passe à la Playboy Mansion devrait rester dans le manoir et être passé sous silence, mais la fameuse fête en rollers et pyjamas de 1979 est restée dans les annales. Organisée par Hugh Hefner, le fondateur du magazine Playboy, elle mélangeait ses célèbres Bunnies sexy à des célébrités et des amis du patron pour une soirée à thème intitulée Playboy Roller Disco & Pajama Party. Plongées éméchées dans la piscine, concerts disco (des Village People), cheerleaders, playmates dénudées, filles en bikini, tout a été immortalisé par des caméras et diffusé par ABC.

 

La release party d'Opium d'Yves Saint Laurent

Pour célébrer l'existence de son parfum au nom transgressif Opium (sorti un an plus tôt) en 1978, et qui a créé la controverse par son évocation du tabou de la drogue et a été banni de plusieurs pays comme la Chine, ou encore l'Arabie Saoudite, Yves Saint Laurent décida de le fêter en grandes pompes. Le créateur organisa une grande cérémonie sur un yacht à New York, dont la thématique était l'exotisme. Le bateau était amarré dans le port de South Street à la pointe de Manhattan, là même où avaient l'habitude d'arriver dans le passé, venus d'Asie, les navires chargés d'opium. Plus de 800 personnes étaient présentes, parmi lesquelles le haut du panier avec Cher, et Truman Capote. Les invités ont profité d'un décor dantesque, entre un Bouddha géant, des représentations de temples chinois, l'odeur de 2000 orchidées hawaïennes et des feux d'artifices. Andy Warhol avouera par la suite regretter de ne pas avoir pu se rendre à cette soirée « énorme et glamour » qui aurait coûté des millions. Il faut dire que le parfum, avant de sortir aux États-Unis, a dû subir une enquête de l'État fédéral pour démontrer qu'il n'incitait pas à la consommation de drogue. Son slogan provocateur - « Opium, pour celles qui s'adonnent à Yves Saint Laurent » - se devait donc de donner lieu à une fête addictive.

 

La soirée du Metropolitan Museum of Art

Un ticket d’entrée au MET coûte 30 000$, tandis qu’une table revient à 275 000$. La somme récoltée est versée au Costume Institute, le seul département du Metropolitan Museum of Art qui doit s'auto-financer. À l’époque où il a été créé, la mode était perçue comme un art secondaire. En 1944 le bal était organisé par Diana Vreeland, la rédactrice en chef de Vogue. Aujourd'hui, bien sûr, la plupart des célébrités présentes sont invitées par des marques ou par Anna Wintour en personne, alors elles n’ont pas à débourser un centime, juste à pointer le bout de leur nez, dans la plus extravagante des tenues dégotée par les stylistes de la marque qui les a conviées. Il s'agit uniquement de marketing et de publicité. Et si vous pensiez à économiser pour acheter votre propre billet, oubliez. L’accès au Met Gala est uniquement sur invitation, et il y a une liste d’attente est plus que longue.

La soirée du MET Gala est organisée par Anna Wintour. La papesse de la mode aime créer la surprise en invitant des personnalités tendances, comme Migos, ou Lily-Rose Depp en 2017. On compte parmi les guests triés sur le volet : Rihanna, Amal Clooney, Frank Ocean, ou encore Emily Ratajkowski.

Mais que se passe-t-il une fois que les stars ont fini de poser devant un parterre de photographes? Bien qu’il soit interdit de poster des photos sur les réseaux sociaux une fois à l’intérieur (sauf dans les toilettes), on sait que la suite du programme est composée d'un cocktail, suivi d’un dîner, puis de quelques animations. Sans oublier le plus important : la visite de l’exposition. Cette soirée est rentrée dans la culture populaire, elle est même au centre de l'intrigue du film Ocean Eight.

 

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